Lire le noir : enquête sur les lecteurs de récits policiers est comme son sous-titre l’indique une enquête sur les lecteurs de polars réalisée par Annie Collovald et Erik Neveu, deux sociologues. Pour mener à bien ce travail, les auteurs ont tenu de longs entretiens avec une quarantaine de grands lecteurs de polars
Résumé
Un livre sur cinq vendu en France est un policier.De Simenon à Cornwell, de Daeninckx, Jonquet ou Vargas à Mankell, Pears ou Camillieri, rares sont les lecteurs qui n’ont jamais fréquenté ces récits. À partir d’une quarantaine d’entretiens approfondis avec des lecteurs assidus, Annie Collovald et Erik Neveu tentent de comprendre les raisons d’un tel engouement. Quelle est aujourd’hui l’offre de récits policiers ? Comment se familiarise t-on à ce genre littéraire ? Quelles justifications, quels plaisirs les lecteurs invoquent-ils ? Quelle évasion peut bien offrir une littérature qui évoque le sang, la menace, souvent les frontières noires du monde social ? Et comment rendre compte des troublantes coïncidences entre les ruptures biographiques (mobilité sociale, drames personnels) vécues par bien des lecteurs et leur prédilection pour le polar ? Ni état des lieux du policier, ni carte d’Etat-major de ses publics, ce livre questionne une expérience singulière de lecture. Il met à jour, derrière l’apparente banalité de livres de détente, la diversité des investissements qui s’y réalisent, la manière dont le lire s’entrecroise à l’être, au vivre et au mal-vivre. Les histoires de crime, d’enquête ou de poursuites apparaissent alors comme des outils de gestion de son identité, des récits qui donnent sens et harmonie à un monde réel vacillant. En rendant visible cette capacité des genres policiers à cumuler les attraits des littératures de distraction, de savoir et de salut, cette recherche, qui accompagne au plus près la biographie et les pratiques des lecteurs, aide aussi à comprendre les raisons d’un succès et les cohérences d’un public pourtant bigarré.
Mon avis
Pour un passionné de polar comme moi – qui ai qui plus est réalisé une enquête (très modeste en comparaison de celle-ci) sur les lecteurs de littérature policière – qui s’intéresse également à la sociologie des pratiques culturelles et de la lecture plus particulièrement, ce livre est incontournable.
L’un des premiers chiffres cités par les deux auteurs est déjà très intéressant : un livre sur cinq acheté en France est un roman policier. Aucun autre genre ne peut rivaliser avec lui et pourtant aucune enquête de taille n’avait été menée sur ce public méconnu et varié que sont les lecteurs de polars.
Cette enquête est extrêmement intéressante de bout en bout tant pour les témoignages des lecteurs que pour les analyses (poussées) des deux sociologues.
Seul reproche : malgré la volonté affichée dans l’introduction par les deux auteurs pour être compris d’un large public (ils déclarent avoir écrit ce livre tant pour les amateurs de polars que les férus de sociologie) certains passages ne sont pas faciles (il m’a fallu relire certaines phrases plusieurs fois avant de comprendre ce que voulaient dire les auteurs).