Coup de vent est un roman de Mark Haskell Smith fraîchement paru chez Gallmeister dans une traduction de Julien Guérif.
Je l’ai reçu grâce à la générosité du Picabo River Book Club et des éditions Gallmeister. Merci à eux.
Résumé
Neal Nathanson, employé de banque émérite, se retrouve sur un bateau en perdition avec une quantité astronomique d’argent. Des millions, dans une dizaine de sacs, des liasses de multiples devises. Il voit sa dernière heure arriver avant d’être finalement sauvé par une navigatrice. Seulement, lorsqu’il se réveille il est menotté et la jeune femme semble avoir moins bon cœur que prévu devant ces montagnes de billets. Mais toute cette histoire abracadabrantesque avait commencé bien avant ça…
Mon avis
En quatrième de couverture, une citation de Télérama consacre Mark Haskell Smith « roi du polar déjanté ». C’est effectivement ce qui saute aux yeux du lecteur découvrant l’œuvre de l’Américain, connu des lecteurs de Rivages, notamment des années 2000, mais moins présent dans l’Hexagone ces derniers temps. De nombreux passages sont savoureux et certains complètement hilarants si bien qu’on pose parfois le livre pour rire et qu’on suspend parfois sa lecture pour noter certaines phrases ou passages particulièrement bien sentis.

Un premier paragraphe qui annonce la couleur !
Les personnages sont intéressants, à commencer par les traders autour desquels s’articule le récit, Bryan Le Blanc et Seo-yun Kim. Le premier décide de monter de complexes opérations pour détourner quelques millions et s’éclipser en catimini. La seconde – qui commence à se rendre compte qu’elle n’aime pas son futur mari – sera rapidement amenée à le pister pour le compte de l’agence pour laquelle ils travaillent tous deux.
L’intrigue livre finalement assez peu de rebondissements mais peu importe tant l’humour et l’intelligence de Mark Haskell Smith font des ravages. L’auteur, caustique à souhait tire à tout-va et certains milieux, à commencer par les financiers branchés, en prennent pour leur grade.
« Il mit son ordinateur en veille, enfila sa veste et resserra sa cravate. Le code vestimentaire était l’une des choses qu’il détestait le plus dans ce job. Pourquoi porter un costume hors de prix pour regarder un écran toute la journée ? Il aurait pu bosser en slip. En toute honnêteté, il aurait préféré bosser en slip. Le costume n’était qu’une autre composante de l’imposture qu’ils vous vendaient. Il faut s’habiller comme un homme de pouvoir, un vrai winner. Quel tissu de conneries. »
Pas de véritable sortie de route pour cet opus survitaminé. Tout au plus certains pourraient reprocher à l’auteur de multiplier les scènes de sexe, mais certaines sont données à voir avec tant de truculence que ce serait dommage de s’en priver.
Sans être un chef-d’œuvre, n’exagérons rien, Coup de vent est un roman noir à l’humour grinçant de très bonne facture qui fera passer un très agréable moment, parsemé d’éclats de rire à plus d’un lecteur. Certains retrouveront là Mark Haskell Smith avec plaisir. D’autres, en attendant le prochain opus, auront sans doute envie de se plonger dans les cinq romans de l’auteur déjà traduits.
Coup de vent (Blown, 2018) de Mark Haskell Smith, Gallmeister (2019). Traduit de l’anglais (États-Unis) par Julien Guérif, 247 pages.