Archives de la catégorie ‘Histoire’

Le Gang des rêves est un roman de Luca Di Fulvio paru chez Slatkine & cie en 2016 dans une traduction d’Elsa Damien.
Il est depuis disponible chez Pocket.

51-hr3fvtulRésumé

Ellis Island, New York, 1909.
Cetta Luminita débarque sur le sol américain. Elle a quinze ans, pas un sou en poche et un bébé issu du viol qui l’a amenée à fuir son Italie natale. Le petit Natale a miraculeusement survécu à la douloureuse traversée depuis Naples que Cetta a payée de son corps. Rapidement rebaptisé Christmas par un officier de l’immigration, l’enfant grandira vite dans les rues de New York tandis qu’elle devra se prostituer pour subvenir à leurs besoins, bientôt protégée par Sal, un gangster qui a pitié d’elle. Pour passer le temps et amuser ses camarades, Christmas se met à raconter des histoires et découvre, fasciné, que plus il invente des choses invraisemblables, plus on s’intéresse à lui. Assez vite, il s’invente un gang, les « Diamond Dogs » et des aventures rocambolesques.

1922
La réalité rattrape les calembredaines de Christmas, désormais adolescent, lorsqu’il tombe par hasard sur une jeune fille, mutilée et laissée pour morte sur un trottoir. Il l’amène à l’hôpital. Par la suite, Saul, milliardaire juif et grand-père de Ruth, sera redevable à Christmas d’avoir sauvé sa petite-fille. Quant à Christmas, il n’arrive plus à oublier Ruth.

Mon avis

Les grands lecteurs de polar auront peut-être déjà lu ou entendu parler de Luca Di Fulvio. L’Empailleur a rejoint le catalogue de la Série Noire en 2003 et L’Echelle de Dionysos, thriller atypique et très réussi se déroulant pendant la révolution industrielle, était paru chez Albin Michel en 2007.

Plus de 700 pages en grand format, presque 900 en poche, près de 25h d’écoute en version audio. Que la somme que représente Le Gang des rêves n’effraie pas le lecteur. Car quand il approchera de la fin, gageons qu’il en voudra encore.
L’écriture de l’Italien fait des merveilles du début à la fin. Les personnages sont excellents, l’ambiance du New York de l’époque est parfaitement restituée : on est avec eux dans le Lower East Side des années 1920, à vivre avec curiosité les débuts de la radio, du cinéma parlant, les progrès de la photographie…

On s’attache rapidement à Christmas, Cetta et Ruth, sans doute les trois personnages centraux de l’histoire, mais on apprécie aussi voir évoluer Santos, l’ami fidèle de Christmas, Sal, le gangster au grand cœur sous ses airs de dur-à-cuire ou encore le grand-père Saul. Seul Bill, un tueur en série en cavale permanente n’attire pas une once de sympathie, et ses péripéties, notamment dans le milieu du cinéma, sont sans doute ce qu’il y a de moins passionnant dans Le Gang des rêves.

L’histoire d’amour impossible entre Christmas et Ruth est particulièrement touchante mais pas niaise pour autant. Dans un autre registre, on peut sans doute voir dans l’amour de Christmas pour les histoires une espèce de mise en abyme. Enfin, le roman est une espèce de parabole du rêve américain. Qu’importe sa situation de départ, lorsqu’on a du courage à revendre, une motivation sans faille et beaucoup de bagout, des portes peuvent s’ouvrir…

Roman initiatique, roman d’aventures, roman d’amour, roman noir, roman historique… Le Gang des rêves est avant tout une odyssée hors normes et Luca Di Fulvio un sacré raconteur d’histoires.
A lire cette merveille, on se demande surtout comment Le Gang des rêves a bien pu mettre huit longues années à traverser les Alpes…

Le Gang des rêves (La gang dei sogni, 2008), de Luca Di Fulvio, Slatkine & cie (2016). Traduit de l’italien par Elsa Damien, 720 pages.
Écouté dans la version Audible (2017), interprété par Isabelle Miller, 24h57mn.

Le temps de travail, une histoire conflictuelle est un travail sur l’histoire du temps de travail de François Guedj et Gérard Vindt, tous deux agrégés d’histoire.

Résumé

Depuis un siècle et demi, le temps de travail a été divisé par deux ! Cette réduction n’est cependant pas tombée du ciel, et n’est pas inscrite dans une loi économique. A contrepied de ceux qui prédisent la fin inéluctable du travail, les auteurs s’attachent à montrer que l’évolution du temps de travail est le fruit de compromis sociaux, parfois laborieux et conflictuels, désirés et redoutés, qui dépassent le cadre économique sur le coût du travail. Cet ouvrage s’appuie sur un original travail d’historien et présente, outre les données chiffrées essentielles, l’histoire des débats et des mouvements sociaux sur la réduction du temps de travail qui jalonnent les XIXème et XXème siècles. Une source d’inspiration inépuisable pour les débats d’aujourd’hui !

Mon avis

Ayant abordé cette question de l’évolution du temps de travail dans le cadre de mes études, j’ai lu ce livre avec attention.

Difficile de choisir une catégorie. J’ai choisi de le mettre en Histoire car les deux auteurs sont historiens de formation, mais je l’ai emprunté en bibliothèque de sociologie et cette lecture est aussi intéressante en ce qui concerne la sociologie du travail ou encore l’économie du travail.

C’est un travail plutôt court et assez simple d’accès, où les points les plus importants de la question sont bien analysés.

Une lecture très instructive pour ceux que le sujet intéresse.

Esclave en Grèce et à Rome est un essai sur l’esclavage dans l’antiquité. 
Il a été coécrit par deux historiens français spécialistes de l’antiquité, Jean Andreau et Raymond Descat, chacun ayant écrit sur son domaine de prédilection, l’empire romain pour le premier, le monde grec pour le second.

esclaveengreceetarome.jpgRésumé

L’esclave est au cœur des civilisations grecque et romaine dans l’Antiquité. Objet de propriété, il participe à toutes les activités économiques : présent dans les champs, les mines et les ateliers, il est également commerçant, enseignant ou administrateur. Esclave domestique, il évolue dans l’environnement immédiat des maîtres et des maîtresses, et participe souvent à l’éducation des enfants. La violence est à l’origine de sa condition et l’accompagne sa vie durant jusqu’à son affranchissement, s’il l’obtient. 
Jean Andreau et Raymond Descat proposent, à travers leurs regards croisés, une vision renouvelée de l’esclave dans l’Antiquité. La démarche des auteurs, qui s’intègre dans les débats historiques sur l’Antiquité, porte un éclairage inédit sur la pratique de l’esclavage ; elle permet de faire apparaître la singularité de chaque histoire et de montrer l’évolution d’un statut qui n’est pas figé dans le temps.

Mon avis

J’ai trouvé cet essai très intéressant et relativement facile à lire. 
Il permet notamment de faire tomber bien des idées reçues sur la condition des esclaves antiques.
Si la majorité d’entre eux vivaient dans des conditions difficiles voire lamentables, certains d’entre eux habitaient une maison individuelle et travaillaient avec une certaine indépendance dans des domaines peu éreintants – administratif, financier, … – même s’il devait rendre des comptes à leur maître.

La bourse et la vie / Jacques Le Goff

Publié: 2 janvier 2008 dans Histoire
La bourse et la vie, sous-titré Economie et religion au Moyen-Age  est un petit essai de Jacques Le Goff, sans conteste l’un des médiévistes français les plus connus.

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Si l’usurier, dans le Moyen Age chrétien, est à ce point dans le péché, c’est que même en dormant, son argent lui rapporte… de l’argent. Voilà ce que nous apprennent les exemples médiévaux, ces anecdotes édifiantes à l’usage des prédicateurs. Voleur de temps, puisque le prêt à intérêt rapporte tous les jours, l’usurier vole à la fois Dieu, car le temps est un don divin, et les chrétiens, car l’usure est interdite dans une communauté fraternelle. A ce double titre, il est voué à l’enfer. A la veille de la naissance des grands mouvements économiques qui préparent l’avènement du capitalisme moderne, la théologie médiévale sauvera l’usurier de l’enfer en inventant le purgatoire. L’usurier aura ainsi atteint son double but : garder la bourse ici-bas, sans perdre la vie éternelle.

Mon avis

Ce petit essai – 150 pages – est très abordable et plutôt intéressant. 
Jacques le Goff a le talent d’avoir réussi à fortement m’intéresser à un sujet assez pointu et qui n’était pas a priori des plus passionnants à savoir la question de l’usure au Moyen-Age.
Sa réflexion est  bien menée, claire, avec de nombreux exemples pour chaque argument.

La Naissance de la Grèce est un petit livre d’Histoire écrit par Pierre Lévêque, un des grands spécialiste de la Grèce Antique, décédé en 2004.

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Démocratie et aristocratie, tragédie et comédie, mathématique et histoire, tout nous vient des Grecs. Des Grecs d’Athènes, mais aussi de Sparte, de Delphes, Corinthe et Syracuse. Hommes, héros ou dieux, Homère, Pythagore, Hérodote, Périclès, Socrate, mais aussi Héraclès, Ulysse et Athéna, innombrables sont ceux qui ont fait la Grèce.

Mon avis

Pour quelqu’un qui souhaite une entrée en matière assez simple dans un sujet relativement précis, la collection Découvertes Gallimard est surement ce qui se fait de mieux, et ce volume n’échappe pas à la règle. Les ingrédients de la collection sont là : un spécialiste du sujet qui écrit sans mots jargonneux et universitaires à destination d’un public de non-initiés, de nombreuses illustrations, des documents annexes, une chronologie très synthétique, et même une bibliographie pour ceux qui voudrait aller plus loin.

La Naissance de la Grèce, de Pierre Lévêque, Gallimard/Découvertes (1990), 176 pages.
Le dossier F.L.B. : Plongée chez les clandestins bretons est une enquête à caractère historique menée par deux journalistes bretons, Alain Cabon et Erwan Chartier.

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La plus complète étude à ce jour sur l’histoire et la vie du Front de Libération de la Bretagne, ce livre est en chantier depuis de nombreuses années, le temps qu’il faut pour ouvrir toutes les portes et recueillir les témoignages directs de très nombreux acteurs de premiers plans de l’action directe indépendantiste et autonomiste en Bretagne. Un travail sérieux, qui restera dans les annales. Une véritable plongée chez les clandestins.
Ce tableau saisissant ne pouvait être obtenu que par la libre parole laissée aux acteurs d’un FLB constitutif, qu’on le déplore ou s’en réjouisse, de l’histoire collective contemporaine bretonne

Mon avis

Étant résolument Breton, et passionné d’Histoire, une enquête sur ce sujet ne pouvait que me passionner. Réalisée par deux journalistes réputés, celle-ci sait montrer les avis de tous les camps et restituer les divers événements dans leur contexte historique tout en restant très objective. De nombreuses révélations sont au programme du fait que d’anciens acteurs du conflit, tant du côté des clandestins bretons que des services de renseignements et de police ont accepté de témoigner, apportant un éclairage parfois nouveau sur ces évènements.
Des documents d’époque (photos, affiches, textes,…) viennent compléter ce livre intéressant.

Le dossier F.L.B. : Plongée chez les clandestins bretons, d’Alain Cabon et Erwan Chartier, Coop Breizh (2006), 355 pages.