(Je suis en ce moment en plein dans la préparation de plusieurs concours de la fonction publique (pour bosser en bibliothèque), ce qui explique en partie (avec le beau temps aussi) que j’ai du mal à trouver du temps pour chroniquer.)
En attendant des chroniques plus conséquentes, je vous parle de deux nouvelles de Donald Westlake, inédites en français jusqu’aujourd’hui.
J’ai fait au salon du livre de Paris l’acquisition de Pauvres zhéros, que m’a gentiment dédicacé Pierre Pelot. Grâce à cet achat, je me suis fait offrir le fameux recueil.
Ce Rivages/Noir est « hors-commerce » et ne peut donc pas être acheté (en principe). Il peut par contre vous être offert par votre libraire préféré. Renseignez-vous !
La fille de mes rêves
The Girl of My Dreams a initialement été publié en 1979 dans la célèbre revue Ellery Queen’s Mystery Magazine.
« Hier, j’ai acheté un revolver.
Je ne sais plus où j’en suis ; je ne sais vraiment pas quoi faire.
J’ai toujours été un jeune homme doux, timide, conventionnel et honnête. Depuis maintenant cinq ans – depuis que j’ai quitté l’université faute de moyens, à dix-neuf ans – je suis employé au rayon des chemises de Willis & DeKalb, Vêtements pour Hommes, Succursales dans les Principales Villes, et je dois dire que d’une façon générale je m’estime satisfait de mon sort. Même si, dernièrement, le nouveau directeur, M. Miller, m’a paru quelque peu crispant – le mot n’est pas trop fort –, le travail lui-même a toujours été agréable, et je me voyais bien continuant à mener une petite vie paisible à cette même place. »
Ronald Grady, le narrateur, rencontre dans ses rêves la somptueuse Delia.
Dans la (triste) réalité, ce vendeur de chemises est contrarié par le remplacement de son ancien directeur par le terrible M. Miller. Les journées sont longues et il lui tarde de s’endormir pour retrouver Delia dans ses songes.
Une nouvelle intelligente, très originale, qui nous montre qu’entre rêve et réalité, la frontière est parfois ténue.
Intrigue conjugale
Domestic Intrigue a pour sa part été publié pour la première fois dans le magazine The Saint Detective Magazine, en 1966.
« Si seulement c’était William qui était riche, plutôt que Robert. Mais William était pauvre, et, comme il était poète, il n’y avait guère d’espoir qu’il fît fortune un jour. En ce qui me concerne, je reconnais que je suis une enfant gâtée, que l’idée de renoncer au confort et au luxe que m’apportait l’argent de Robert était de nature à me rendre blême, tout comme celle de renoncer à William. J’avais un besoin impérieux de l’un et de l’autre, de l’amour de William et de l’argent de Robert. »
Un homme parvient à entrer au domicile de la narratrice en se faisant passer pour un employé d’une société de sondage. Rapidement, Madame Carroll se rend compte que ce « vilain bonhomme » en sait beaucoup trop sur sa vie privée.
Selon sa mère, tous les hommes sont des salauds. Mais qu’en est-il vraiment ? Tiraillée entre son amant et son mari, Madame Carroll n’est pas au bout de ses surprises.
Utilisant le fameux triangle amoureux, point de départ d’une innombrable quantité d’œuvres – on pense notamment au grand classique de James M. Cain, Le facteur sonne toujours deux fois, et à ses adaptations sur grand écran – Westlake nous propose une nouvelle efficace, riche en suspense.
Les deux nouvelles sont suivies d’un « catalogue raisonné » présentant un certain nombre d’auteurs de la collection, plusieurs listes de livres à lire à tout prix (les « 10 titres indispensables », les « 10 titres à découvrir »…) et l’intégralité du catalogue Rivages/Noir.
Puisqu’on parle de Westlake, signalons que ses fans vont être gâtés cette année. Rivages va mettre le paquet, avec la parution en juin de quatre titres (rien que ça !).
Monstre sacré va paraître en Rivages/Thriller (grand format).
Le Paquet, paru dans les années 1980 et difficilement trouvable depuis, va être réédité en Rivages/Noir sous un nouveau titre : Comment voler une banque.
Ceux qui préfèrent Westlake dans la forme courte vont pouvoir apprécier 11 nouvelles mettant en scène Dortmunder dans Voleurs à la douzaine.
Enfin, Breakout (un Richard Stark, mais c’est pareil), déjà sorti en grand format va paraître en Rivages/Noir.
Pour ma part, je dois avouer que ma connaissance de l’œuvre de Westlake se limite pour l’instant au Couperet (quel livre ! Un de mes préférés !), à Ordo (pas mal du tout non plus), et désormais à ce recueil. Oui, avant d’avoir lu tout Westlake, j’ai du pain sur la planche !
Ce week-end, j’ai acheté tout plein de vieux polars dans une brocante, même des vieux Série Noire jaune et noir des années 1950.
Pourquoi je vous dis ça ? Parmi mes achats, je vous le donne en mille, deux Westlake : Festival de crêpe, SN n°979 (Pity Him Afterwards, 1964) et Les cordons du poêle, SN n°1068 (The Busy Body, 1966, apparemment réédité sous le titre La mouche du coche). Raté, ce sont des one-shot. Du coup, c’est pas encore avec ces romans que je vais découvrir Dortmunder ou Parker.
D’ailleurs, question aux connaisseurs, ces fameuses séries, vaut mieux les commencer par le premier ou bien cela importe-t-il peu ?
La fille de mes rêves (The Girl of My Dreams, 1979) & Intrigue conjugale (Domestic Intrigue, 1966), de Donald Westlake, Rivages/Noir (2011). Nouvelles respectivement traduites de l’anglais (États-Unis) par Gérard de Chergé et Jean-Paul Gratias, 65 pages + catalogue raisonné.