Articles Tagués ‘autobiographie’

Marx et la poupée est un roman de Maryam Madjidi paru au Nouvel Attila l’an dernier.

lna_madjidi_goncourt_ouest_300dpi_rvbRésumé

Encore dans le ventre de sa mère, Maryam a déjà un aperçu de la révolution iranienne qui va bouleverser sa vie, celle de ses proches et plus largement, celle de tout un pays.
Six ans plus tard, Maryam rejoint avec sa mère la France, et son père qui s’y était déjà réfugié.

Mon avis

Si l’on écrit rarement des romans juste pour écrire des romans, on ressent ici avec puissance le besoin qu’a du ressentir Maryam Madjidi de coucher ses mots/maux sur le papier. Cette autobiographie devait lui sembler nécessaire et a vraisemblablement dû la libérer comme jamais.
Sans trop respecter de chronologie ou de trame à proprement parler, l’auteur nous propose des petits bout d’enfance et de jeunesse qui l’ont marquée d’une manière ou d’une autre. Tantôt avec gravité tantôt avec humour, elle évoque son « iranité », qui est en France tantôt une source de questions intarissable, tantôt une arme de séduction. Elle évoque sa langue maternelle, le persan, qu’elle a d’abord refusé de parler en France au grand dam de ses parents avant d’éprouver le besoin profond de s’y remettre de manière intensive. Ses parents occupent une bonne place dans le récit et l’on ressent beaucoup d’affection pour eux, notamment pour ce père, humble travailleur, qui s’est toujours efforcé d’offrir les meilleurs conditions de vie à sa famille. On sourit à l’évocation de ce drame d’enfance qui a consisté à laisser ses maigres possessions, poupées et autres jouets, sur place, pour d’autres enfants, lors de son départ forcé (d’où le titre, jolie allusion au communisme concret mis en pratique par ses parents). Le retour au pays natal, des années après, est particulièrement émouvant.

Pour le lecteur francophone, difficile de ne pas penser à Marjane Satrapi en lisant Marx et la poupée. Le sujet, le pays d’origine, l’exil forcé, le ton, entre nostalgie, humour et colère… La liste des points communs entre ces deux belles œuvres est longue.
Pour autant il ne s’agit pas ici d’une resucée de Persépolis mais bien d’une œuvre originale. Celle d’une vie. Celle de Maryam Madjidi.

Marx et la poupée, de Maryam Madjidi, Le Nouvel Attila (2017), 208 pages.

Sans la télé est un court roman autobiographique de Guillaume Guéraud paru en 2010 dans la collection doAdo du Rouergue.

41wvjddjwwlRésumé

Enfant puis ado, Guillaume Guéraud n’avait pas la télé.
Au départ, il ne savait même pas trop ce que c’était et s’en moquait éperdument. Mais, arrivé en primaire, tous ses camarades de classes parlaient d’un certain Actarus, qui avait des super-pouvoirs, d’un mec masqué qui manie l’épée comme personne ou d’une petite fille prénommée Laura, qui a marché toute une nuit pour aller prévenir le docteur que son père, Charles, était malade.
Seulement, Guillaume ne connaît pas ces gens-là et se sent un peu exclu des conversations. Quand il finit par oser demander qui sont ces gens qui semblent si intéressants aux yeux de ses copains, et où on peut les rencontrer, ceux-ci ricanent jusqu’à ce que la réponse fuse : « Ben, à la télé ! ».

Mon avis

Forcément, pour ne pas être en reste, Guillaume souhaite avoir une télé, « comme tout le monde ». Seulement, à la maison, sa mère comme son oncle sont catégoriques. La télé « est un poison qui rend con ». On n’en a pas besoin, et puis, il y a bien assez de livres comme ça. Mais les livres ça va cinq minutes. Et rapidement, ils ne suffisent plus à Guillaume. Sa mère trouve ensuite une autre solution : grande cinéphile, elle l’amène alors très régulièrement avec elle au cinéma.

Pour le petit Guillaume, c’est une révélation, et le début d’une longue histoire d’amour avec le grand écran. Il a même le droit d’aller voir des films « pour les grands », tant qu’il ne fout pas le bazar dans la salle.

« Et même si elle ne m’emmène pas voir des films pour enfants, même si elle m’emmène juste voir les films qu’elle veut voir, même si je ne comprends pas les films qu’elle m’emmène voir, je suis sage.
Et je vois des images gigantesques. Je vois une ville en flammes et je vois des rats en cage. Je vois des couleurs étincelantes et je vois le faisceau du projecteur trouer l’obscurité et je vois des ombres ramper sur l’écran. Je vois des chevaux soulever de la poussière et je vois des personnages s’embrasser et je vois des filles danser à poil et je vois une foule de visages apeurés. Je vois des choses que je n’ai jamais vues et je vois des choses que je suis certain de ne plus revoir. Je vois la vie éclater et je vois trois millions de secousses agiter le monde. Et je vois des miracles.
Et ça me plaît. Je ne comprends pas le quart des choses qui défilent devant les yeux mais ça me plaît. »

Dès lors, chaque chapitre est consacré à une anecdote qui lie à tout jamais un film à l’histoire personnelle de Guillaume.
Il voit le petit Edmund, regardant Berlin en ruines du haut de son immeuble.
Il voit un extraterrestre gentil et communiste (« Mais si ! Le bout de son doigt est rouge »).
Il pleure la mort de Gelsomina et le chagrin du grand Zampano.
Il pleure aussi en voyant ce type chercher désespérément son vélo dans les rues de Rome.
Et puis il grandit, et va voir des films sans sa mère, en cachette.
Mais il manque de se faire dessus devant cette petite fille possédée.
Il regarde beaucoup de westerns et rêve d’être Gregory Peck pour pouvoir embrasser Jennifer Jones, ne serait-ce qu’une fois.

Enfant sans télé comme lui (d’ailleurs, je n’en ai pas plus aujourd’hui), je me suis complètement retrouvé dans ce court roman autobiographique.
Guillaume Guéraud transmet avec talent et émotion ses souvenirs d’enfance et nous offre par la même occasion une belle ode au septième art. Un court texte très recommandable.
Pour ma part, je n’allais pas beaucoup au cinéma, pas autant que lui en tout cas, loin de là. Mais j’ai toujours énormément lu. Et dans mes souvenirs de lecture tenaces, il y a une place à part pour les romans de Guillaume Guéraud.
J’ai voulu être journaliste comme Alexandre dans Les chiens écrasés.
J’ai été amoureux de Joey et découvert la guerre d’Indochine avec Coup de sabre.
Plus tard, j’ai compris la haine de Martial dans Je mourrai pas gibier qui est sans doute, bien que sombre, le meilleur roman de l’auteur.
Tiens, c’est malin, ça me donne envie de tous les relire…

Sans la télé,de Guillaume Guéraud, Rouergue / doAdo (2010), 101 pages.

Petit pays, paru l’an dernier, est le premier roman de Gaël Faye.
Il a été distingué à maintes reprises, notamment par le Prix Goncourt des Lycéens.

petit-paysRésumé

« Je ne sais pas vraiment comment cette histoire a commencé.
Papa nous avait pourtant tout expliqué un jour, dans la camionnette.
– Vous vouez, au Burundi c’est comme au Rwanda. Il y a trois groupes différents, on appelle ça les ethnies. »
C’est par ces quelques mots, qui annoncent la couleur et le propos, que s’ouvre Petit pays, roman quasi autobiographique. Gabriel y raconte ses premières années au Burundi, avec son lot de souvenirs d’enfance, des bonheurs simples aux déconvenues marquantes. Le temps d’avant…
Et puis un beau jour – ça aurait sans doute pu être la veille, ou le lendemain – sans que l’on ne sache exactement pourquoi, l’horreur absolue commence et des familles entières sont massacrées parce qu’elles ne sont pas de la « bonne » ethnie.

Mon avis

Je connais Gaël Faye depuis quelques années de par sa musique, que j’aime beaucoup. J’ai ses albums solo à la maison, je l’ai vu deux fois en concert et je serai prêt à le revoir avec plaisir. J’aime aussi son précédent projet Milk, Coffee & Sugar. Ses textes sont souvent beaux, poétiques, engagés, humains… Des textes comme on en fait assez peu dans le rap français actuel. Et son flow est largement au-dessus de la moyenne. Si vous n’êtes pas allergique au rap, vous allez sans doute aimer. Et si vous pensez être allergique au rap, vous risquez de changer d’avis. Le tout avec quelques bons mots de grande qualité comme cette punchline que j’adore dans Let’s Go to Work morceau avec Electro Deluxe sur le travail et le lot de souffrance qui y est parfois associé : « Le travail c’est la santé… ou bien Fleury-Mérogis. ».

Mais revenons à nos moutons et à ce Petit pays, qui est d’ailleurs le titre d’un des plus beaux morceaux de son premier album Pili-pili sur un croissant au beurre, là aussi consacré à son pays natal, l’un des plus méconnus d’Afrique vu de France : le Burundi.

À l’instar de ses textes de rap, son roman, très bien écrit, est un concentré de poésie et de positivité malgré la dureté extrême des sujets évoqués.
Il est bien agréable de se plonger avec nostalgie dans les souvenirs d’enfance de Gabriel, emplis de ce soleil, de ces couleurs, de ces goûts et de ces odeurs propres à l’Afrique qu’on ne peut sans doute qu’imaginer si on a pas eu la chance d’y poser le pied.
Certaines scènes sont même drôles, comme cette virée clandestine dans une piscine de Bujumbura.
Mais l’enfance de Gabriel s’est arrêtée un beau jour…

« Au temps d’avant, avant tout ça, avant ce que je vais raconter et le reste, c’était le bonheur, la vie sans se l’expliquer. Si l’on me demandait « Comment ça va ? » je répondais toujours « Ça va ! ». Du tac au tac. Le bonheur, ça t’évite de réfléchir. C’est par la suite que je me suis mis à considérer la question. À esquiver, à opiner vaguement du chef. D’ailleurs, tout le pays s’y était mis. Les gens ne répondaient plus que par « Ça va un peu ». Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé. »

…et puis la guerre…
Une guerre, c’est toujours atrocement moche. Mais celle-ci l’est particulièrement. Faut-il parler de guerre civile ou plutôt de génocide ? Toujours est-il qu’elle a fait des milliers de morts et changé à jamais la face du Burundi (comme celle du Rwanda voisin).
Elle a aussi profondément impacté la vie de Gaël Faye, qui avait sans doute plus besoin qu’envie de coucher ses maux sur papier, par l’intermédiaire de Gabriel, son alter ego littéraire.
D’ailleurs, la faire voir à hauteur d’enfant, avec toute l’innocence et la naïveté qui habite encore Gabriel, apporte indéniablement quelque chose de plus.
Si quelques scènes sont dures émotionnellement, l’auteur ne verse absolument pas dans la surenchère. L’indicible est dit, avec tact, parfois presque avec pudeur.

« Et Maman, penchée au-dessus d’Ana, continuait de raconter cette effroyable histoire dans un long chuchotement haletant. J’ai écrasé l’oreiller sur ma tête. Je ne voulais pas savoir. Je ne voulais rien entendre. Je voulais me lover dans un trou de souris, me réfugier dans une tanière, me protéger du monde au bout de mon impasse, me perdre parmi les beaux souvenirs, habiter de doux romans, vivre au fond des livres. »

Il y a aussi de très beaux passages sur la lecture.
Devenu ado, Gabriel, las de traîner avec certains de ses amis lorsque ceux-ci ne veulent plus jouer mais faire la guerre ou singer les adultes, se réfugie dans les romans que lui procure Madame Economopoulos, la voisine d’en face. Quand il devient dangereux de sortir dehors en raison des massacres, le petit Gabriel traverse la rue en catimini pour faire le plein de bouquins. Il peut aussi passer des heures à parler littérature avec la vieille dame.

Sur un sujet qui lui tenait on ne peut plus à cœur, Gaël Faye signe un très beau roman.
On en ressort un peu secoué mais toujours positif, car malgré la noirceur des événements contés, les nuages sombres du Burundi laissent toujours entrevoir un rayon de soleil.

 

Petit pays, de Gaël Faye, Grasset (2016), 215 pages.

L’astragale est un roman autobiographique d’Albertine Sarrazin initalement paru aux éditions Jean-Jacques Pauvert en 1965.

Résumé

Anne, joli petit bout de femme, même pas vingt ans, purge une longue peine pour un braquage raté. Grâce à la complicité de son amie Rolande, elle parvient à se faire admettre à l’infirmerie et, de là, à s’évader. Mais en sautant du mur principal elle se réceptionne mal et crac, douleur terrible, sa jambe et sa cheville forment désormais un angle droit. Elle parvient tant bien que mal à se traîner jusqu’à la route principale. Un camion s’arrête mais le routier, sympathique au demeurant, refuse de l’embarquer car il ne veut pas se rendre complice d’une évasion. Un jeune homme survient ensuite et accepte de faire monter Anne sur sa moto. C’est Julien.

Mon avis

Anne va forcément être recherchée dans les alentours, et notamment dans les hôpitaux, aussi Julien parvient-il à lui trouver une planque dans une guinguette. C’est que les planques, il connaît. En effet, Julien est un petit malfrat qui vit de divers larcins mais ne peut s’empêcher de retourner voir sa mère durant ses cavales. Alitée, Anne trouve le temps long entre les rares visites de Julien. Et puis cette foutue cheville qui ne va pas mieux et l’empêche de marcher seule – elle apprendra plus tard que son astragale, petit os de la cheville, est en morceaux. Une complicité se crée entre les deux jeunes, qui se mue peu à peu en amour.

L’astragale, édité en 1965 par Jean-Jacques Pauvert, est le premier roman d’une jeune femme à la vie mouvementée, Albertine Sarrazin (1937-1967), qui aura le temps d’en écrire deux autres (La cavale, 1965 et La traversière, 1966), ainsi que des poèmes, avant de laisser la vie sur une table d’opération à vingt-neuf ans. Largement autobiographiques, ils racontent son parcours hors du commun. Déposée à l’assistance publique à sa naissance, adoptée à deux ans, violée à dix ans par son oncle adoptif, envoyée par son père adoptif en maison de correction à quinze, elle s’enfuit à Paris l’année suivante. Albertine vit avec une amie de chapardages et de prostitution avant de tenter un hold-up durant lequel une vendeuse est blessée. Elle est condamnée à sept ans de prison en 1955 et s’évadera deux ans plus tard, après avoir passé son baccalauréat. C’est en 1964, enfermée de nouveau pour vol, qu’elle entame l’écriture de ce « petit roman d’amour pour Julien », qu’elle a épousé entre-temps.

L’astragale raconte à la première personne le début de ce parcours chaotique, avec un style élégant, à la fois classique et truffé d’argot. Si l’écriture semble aujourd’hui quelque peu datée, l’histoire vaut encore largement le détour et inspire encore plus d’un artiste. Après un film en 1968, un documentaire en 2004 et quelques biographies, c’est au tour de la bande dessinée de s’intéresser au parcours hors-norme d’Albertine Sarrazin avec l’adaptation éponyme du roman L’astragale. Une réussite, tout en noir et blanc, signée Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg et parue chez Sarbacane, 2013.

L’astragale, d’Albertine Sarrazin, Jean-Jacques Pauvert (1965).
Réédition chez Pauvert (2001), 226 pages.

On the Brinks, paru aux éditions du Seuil l’an dernier n’est autre que l’autobiographie pas piquée des vers du romancier nord-irlandais Sam Millar.

Résumé

On the Brinks, c’est l’autobiographie d’un gamin de Belfast devenu millionnaire aux États-Unis, l’histoire d’un homme qui aura finalement passé une grande partie de sa vie en prison. Cet homme, c’est Sam Millar, auteur de romans noirs comme Redemption Factory, Poussière tu seras ou plus récemment Les chiens de Belfast.

Mon avis

Privilégiant une trame chronologique, le Nord-Irlandais commence par nous raconter ses premières années à Belfast, dans des conditions déjà pas faciles. La maisonnée n’est pas riche, et surtout, la tension entre catholiques (sa famille l’est) et protestants est plus que palpable.

Jeune adulte, Sam Millar prend fait et cause pour l’IRA (Armée républicaine irlandaise) et se retrouve assez rapidement incarcéré dans la célèbre (et terrible) prison de Long Kesh. Pour militer contre la suppression par le gouvernement britannique du « statut spécial » réservé aux terroristes nord-irlandais, il devient l’un des ces fameux Blanket Men (refusant d’enfiler la tenue des prisonniers de droit commun, ils n’ont rien d’autre que leur couverture pour se « vêtir »). Il consacre ainsi une importante partie de son récit à cette expérience traumatisante qui, on peut le comprendre, l’a profondément marqué.

Privations, humiliations, tortures, ces militants de l’indépendance nord-irlandaise ont vécu pendant des années un enfer innommable, à mille lieues des habituelles préoccupations des États occidentaux concernant les droits de l’homme.

Dans un second temps, ces Blanket Men passent à un autre moyen de contestation connu sous le nom de Dirty Protest (protestation par la saleté) : ils refusent de se laver, de se raser ou de se couper les cheveux tant que leurs revendications n’auront pas été entendues. Si ses codétenus abandonnent peu à peu le combat au fil des années, Millar se retrouve parmi les derniers irréductibles, ce qui lui vaudra une grande notoriété dans son pays. Il assiste aussi de près, mais sans y prendre part, aux grèves de la faim ayant conduit à plusieurs décès dont celui du célèbre Bobby Sands.

« Y a quelque chose qui cloche chez ce type, se plaignit Jameson au père de Mac, John, pendant qu’ils comptaient les gains de l’équipe de la tranche quatre heures-midi. Et son accent bidon me rend dingue.

– Il ne boit pas, répondit John en descendant son deuxième grand whisky de la journée. Ne fais jamais confiance à un type qui ne boit pas. C’est comme si le pape baisait. C’est louche. »

Finalement libéré, Sam Millar décide de tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique pour y démarrer une nouvelle vie. Assez rapidement, il se retrouve employé dans des casinos illégaux ce qui lui vaut quelques péripéties, qu’il relate ici avec brio. Il nous raconte enfin comment il a imaginé et mis en place le casse d’un dépôt de la Brinks qui l’a rendu célèbre et qui reste aujourd’hui encore l’un des braquages les plus importants de l’histoire des Etats-Unis, Millar et ses complices étant repartis avec quelque 7,4 millions de dollars.

Si tout le monde peut raconter sa vie, il en est quand même qui sont plus intéressantes que d’autres. À cet égard, le parcours hors-du-commun de Sam Millar place la barre très haut et n’a rien a envier à certains polars. Écrit avec une belle plume, le texte de Sam Millar, fort et poignant mais aussi drôle par moments est sans doute amené à figurer en bonne position parmi les classiques du genre.

On the Brinks (On the Brinks, 2009), de Sam Millar, Seuil (2013). Traduit de l’anglais (Irlande) par Patrick Raynal, 359 pages.

Persepolis est une bande dessinée autobiographique de Marjane Satrapi, une jeune Iranienne francophone.
D’abord parue en quatre volumes chez L’association, l’éditeur a ressorti le livre en un seul volume à l’occasion de la sortie de l’adaptation cinématographique dont j’ai précédemment parlé (voir ici).Cette bande dessinée, devenue un classique du genre en quelques années a obtenu de nombreux prix parmi lesquels :
– Coup de cœur – Angoulême 2001.
– Meilleur scénario – Angoulême 2002.
– Attention Talent Fnac février 2001.

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À travers le récit de son adolescence et de ses premiers pas d’adulte, Marjane Satrapi raconte la destinée de l’Iran depuis la prise du pouvoir par les partisans de Khomeiny, en 1979. De la révolution islamique au conflit avec l’Irak, elle met en scène l’emprise croissante des religieux et les bouleversements dans la vie de tous les jours avec sensibilité et humour.

Mon avis

Cette bande dessinée a tout pour rester dans l’histoire. Des dessins originaux, avec une bonne utilisation du noir et blanc, mais surtout une histoire hors du commun, tantôt émouvante tantôt drôle. Marjane Satrapi, se lamente très peu sur elle même et fait preuve d’un humour à toute épreuve. A la lecture de ce livre on est parfois en colère, parfois triste, parois plié en deux. Et que dire du personnage de la grand-mère, prenant la vie avec humour, mais aussi avec sérieux et autorité quand il le faut. C’est vraiment une BD qu’un bédéphile sérieux se doit de lire au moins une fois je pense. Et à ceux qui ont des a priori sur la BD, comme étant une sous-littérature ou je ne sais quoi, je leur dirait de lire Persepolis et de revenir me dire que c’est de la sous-littérature.
Bien des romans font pâle figure à côté de ce livre puissant.

Persepolis, de Marjane Satrapi, L’Association (2007), 352 pages, pour la présente édition.
Première édition en 4 volumes à L’Association, de 2000 à 2003.

Persépolis est un film d’animation de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud sorti en France en Juin 2007.
C’est l’adaptation de la BD autobiographique éponyme de Marjane Satrapi elle-même.
Le film a reçu le Prix du Jury du Festival de Cannes 2007.

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Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l’avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah.
Avec l’instauration de la République islamique débute le temps des « commissaires de la révolution » qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire.
Bientôt, la guerre contre l’Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère.
Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l’envoyer en Autriche pour la protéger.
A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l’adolescence, la liberté, les vertiges de l’amour mais aussi l’exil, la solitude et la différence.

Mon avis

J’avais entendu quelques personnes dire qu’elles avaient été dérangées par le style des dessins. Personnellement, je ne l’ai pas été du tout : le style et les couleurs sont vraiment bien utilisées et rendent bien. L’histoire est autobiographique et Marjane Satrapi a vécu des moments difficiles. Pour autant le film ne sombre jamais dans le mélo larmoyant. Cela est dû notamment à sa façon de traiter le sujet avec un humour redoutable. Le personnage de la grand-mère est excellent et la BO est très agréable à écouter également.

Ce film mérite sa récompense et m’a donné envie de lire la BD.
Un indispensable sur la révolution iranienne.