Le Montespan / Jean Teulé

Publié: 23 avril 2009 dans Littérature française
Le Montespan est le dernier roman de Jean Teulé.
Il a reçu plusieurs prix comme le Grand prix Palatine du roman historique et le prix Maison de la Presse 2008.

Résumé

En 1663, Louis-Henri de Montespan, jeune marquis désargenté, épouse la somptueuse Françoise « Athénaïs » de Rochechouart. Lorsque cette dernière accède à la charge de dame de compagnie de la reine, ses charmes ne tardent pas à éblouir le monarque – à qui nulle femme ne saurait résister. D’époux comblé, le Montespan devient alors la risée des courtisans. Désormais, et jusqu’à la fin de ses jours, il n’aura de cesse de braver l’autorité de Louis XIV et d’exiger de lui qu’il lui rende sa femme.
Lorsqu’il apprend son infortune conjugale, le marquis fait repeindre son carrosse en noir et orner le toit du véhicule d’énormes ramures de cerf. La provocation fait scandale mais ne s’arrête pas là. Le roi lui a pris sa femme, qu’à cela ne tienne : il séduira la sienne. Une fois introduit dans la chambre de la reine, seule la laideur repoussante de celle-ci le fera renoncer à ses plans. À force d’impertinences répétées, l’atypique, facétieux et très amoureux marquis échappera de justesse à une tentative d’assassinat, puis sera exilé sur ses terres jusqu’à sa mort. En ayant porté haut son indignation, y compris auprès du pape, le marquis de Montespan fut l’une des premières figures historiques à oser contester la légitimité de la monarchie absolue de droit divin. Il incarne à lui seul l’esprit révolutionnaire qui renversera un siècle plus tard l’Ancien Régime.

Mon avis

Ce livre me tentait déjà depuis un moment puisqu’on m’en avait plusieurs fois dit du bien. Je me suis finalement décidé voyant qu’il faisait partie de la sélection à lire pour décerner le Prix des lecteurs du Télégramme, auquel je participe depuis quelques années.

« Il n’a qu’un défaut : l’amour tenace »

Le Montespan est indéniablement un roman historique mais à aucun moment les aspects historiques ne passent avant l’histoire. Teulé a su ne pas tomber dans le travers assez commun de ce genre qui est d’ennuyer son lecteur à trop vouloir étaler ses connaissances historiques.
L’ensemble est très bien écrit et les descriptions sont agréables à lire. J’ai beaucoup aimé celles des rues parisiennes, avec cette populace…
Bien sûr on peut penser qu’avec une histoire telle que celle du Montespan, il était difficile de faire un mauvais roman. En effet, ce personnage peu connu du grand public, que sa femme a quitté pour le Roi – Louis XIV – à son grand désarroi, est vraiment haut en couleur.

Le grand point fort de ce roman, c’est à mes yeux l’humour dont sait faire preuve l’auteur.
Il s’amuse avec les expressions de l’époque, parfois très imagées. Certains personnages aux rôle mineur sont excellents, comme ces six apprentis du perruquier n’ayant d’yeux que pour la Montespan.
Il se moque avec talent des us de l’époque. Des courtisanes qui copient aveuglément les nouvelles modes, fussent-elles ridicules, allant jusqu’à se rougir la joue pour ressembler à la Montespan, que son mari avait giflée ! Des pratiques liées à la défécation, qui se faisait alors volontiers en public (voir la scène du théâtre) ce que l’on a du mal à imaginer aujourd’hui.
Certaines scènes sont hilarantes, comme celle où Montespan complètement saoul prend son concierge pour sa femme.

Ce dialogue entre Montespan et le duc de Mortemart, son beau-père, résume bien à la fois l’histoire de ce roman, et le ton employé par l’auteur.
« – Louis-Henry, être cocu, c’est la chance de votre vie. Ne la ratez pas, elle ne repassera pas.
–    Comment peut-on  penser que je me tairai, m’en accommoderai ?…
–    Vous êtes fou.
–    Fou de Françoise.
–    Ah, ça le reprend ! Que d’histoires parce que le roi aime à se rôtir le balai dans ma fille. »

Au final, Le Montespan est un roman à la fois sérieux du point de vue historique et extrêmement drôle. Un roman historique comme il s’en fait peu. Une vraie réussite.


Le Montespan de Jean Teulé, Julliard (2008), 352 pages.

commentaires
  1. find cell number dit :

    As-tu déjà lu les romans de Michel Folco ? Puisque tu as aimé le style de Jean Teulé, je te les recommande.

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  2. alexe dit :

    Oui, moi aussi j’ai bien envie de lire le dernier Teulé. J’en ai eu de bons échos. Folco a écrit « Dieu et nous seuls pouvons:Les très édifiantes et très inopinées mémoires des Pibrac de Bellerocaille « , l’histoire d’une famille de bourreaux qui commence au Moyen-Age. C’est très drole. Il y a aussi une série de trois livres, mais qui peuvent être lus séparément: « Un loup est un loup », « En avant comme avant » et « Même le mal se fait bien ». Je n’ai pas encore lu le dernier. Sinon, je n’ai pas de préférence, ils sont tous excellents. Bon week-end.

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  3. Hannibal dit :

    Merci pour ces conseils avisés. Bon week-end à toi également.

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  4. alexe dit :

    J’ai lu celui-là aussi et j’ai adoré. Comme tu le dis, C’est bourré d’anecdotes croustillantes sur l’époque et que l’on trouve rarement dans les romans historiques de facture plus classiques. Il y a des scènes franchement désopilantes. As-tu déjà lu les romans de Michel Folco ? Puisque tu as aimé le style de Jean Teulé, je te les recommande.

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  5. Hannibal dit :

    Ravi de voir que je ne suis pas le seul « polardeux » à apprécier Teulé. Merci pour le conseil. J’essaierai de lire un Michel Folco à l’occasion. Tu pense à un titre en particulier ? Concernant Teulé, je lirai surement bientôt Mangez-le si vous voulez, qui a l’air vraiment sombre à souhait. Normalement ça devrait me plaire.

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  6. MiKa dit :

    J’ai lu, il y a peu de temps, « Je, François Villon » du même auteur. Le Montespan a l’air d’être du même acabit ; drôle, précis, historique et émouvant. J’ai acheté Le Montespan au salon du livre sans en avoir beaucoup entendu parlé. Ton avis me réconforte dans mon choix !

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  7. Hannibal dit :

    Bonne lecture Mika !

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