Prise directe / Eoin Colfer

Publié: 22 juin 2012 dans Polar irlandais
Tags:, , ,

Prise directe, paru à la Série Noire et traduit par Antoine Chainas est un roman de l’Irlandais Eoin Colfer, surtout connu pour ses ouvrages jeunesse jusqu’à présent.

Prise-directe.jpgRésumé

Après avoir été un temps Casque bleu, Daniel McEvoy s’est reconverti comme videur dans un casino pouilleux du New Jersey. Il ne se passe rien de bien palpitant dans sa vie et ses plus grands combats du moment, il les livre contre la chute de ses cheveux et les coups de folie de sa voisine du dessus.

Les vraies emmerdes vont commencer lorsque son meilleur ami Zeb Kronski, un médecin peu préoccupé par la déontologie, disparaît subitement. Il a à peine le temps de commencer à le chercher que Connie, une serveuse pour qui il a le béguin, est retrouvée morte, une balle dans la tête. Comme si ça ne suffisait pas, la police le place en tête sur la liste des suspects.

Mon avis

En faisant le choix de raconter l’histoire à la première personne du singulier, Eoin Colfer plonge d’emblée le lecteur dans les pensées de Daniel McEvoy. L’Irlandais nous raconte ses déboires à sa manière, sans aucune langue de bois et avec un ton caustique fort plaisant à lire. 

« En dehors de mes traits défaits, je remarque un autre détail dans la salle de bains. Les rouleaux de papier toilette sont empilés en losange. Cette figure géométrique est mégaflippante. Je me détourne de cette sculpture comme si elle pouvait tout à coup prendre vie et me prodiguer des conseils zen.

Pourquoi un rouleau de papier toilette devrait avoir une autre finalité que de fournir du papier ? Et d’où sort cette réflexion, d’ailleurs ?

Je sais qui est responsable de cette édification. Il n’existe qu’une seule personne capable d’accomplir un tel forfait. »

L’humour est très présent dans ce roman noir, qui rappelle un peu ceux de  Colin Bateman, autre habitant de la verte Erin publié à la Série Noire capable de faire travailler les zygomatiques de ses lecteurs. Aux situations cocasses s’ajoutent certaines scènes mémorables et hilarantes, le récit étant entrecoupé de flashbacks qui permettent à McEvoy de nous raconter quelques anecdotes croustillantes de plus, souvent issues de son passé de militaire.

« Pendant ce temps, j’enfile une paire de gants jetables pris dans une boîte à l’intérieur du sac, puis je m’empare du fusil. Bien sûr, il est démonté. À l’armée, nous étions entraînés à ce type d’exercice : remonter un automatique à l’aveugle, sous la pluie, avec un gars qui tire à blanc à côté de vos oreilles, arrosé de pisse par un groupe de soldats. Bon, d’accord, il n’y avait peut-être pas le dernier truc. Quoi qu’il en soit, j’étais archi-nul lors des tests d’assemblage à l’aveugle. En général, j’avais besoin d’à peu près une heure et je finissais avec des œuvres d’art moderne magnifiques sous un éclairage approprié, mais qui ne valaient pas un pet s’il fallait ouvrir le feu. »

L’intrigue, qui ne brille pas par son originalité, ne restera sans doute pas dans les annales mais le suspense est néanmoins présent du début à la fin. Les personnages hauts en couleur et l’humour d’Eoin Colfer font la différence. C’est certain, on ne tient pas là le polar de l’année – l’auteur n’a d’ailleurs sans doute jamais eu cette prétention en l’écrivant – mais on passe un agréable moment de lecture, à se poiler sur l’infortune de Daniel McEvoy, et c’est déjà pas mal !

« Rantanplan se déchaîne à l’arrière du jardin des dealers, à la recherche de quelqu’un à égorger. Je parierais que ce chien-là n’a pas l’habitude de se faire malmener et jeter par-dessus une clôture. On raconte qu’il n’existe pas en enfer de pire colère que celle d’une femme flouée, ce à quoi je répondrais qu’une femme flouée partirait sans demander son reste en face d’un rottweiler à qui l’on vient d’essorer les testicules. »

Connu pour ses ouvrages destinés à la jeunesse – la série Artemis Fowl notamment, qui a séduit nombre d’adolescents de par le monde – Eoin Colfer prouve avec Prise directe qu’il peut aussi écrire pour les adultes. Le ton est à la fois plus sombre et plus drôle mais c’est là aussi une réussite.


Prise directe (Plugged, 2011) d’Eoin Colfer, Gallimard / Série noire (2012). Traduit de l’anglais (Irlande) par Antoine Chainas, 308 pages.

commentaires
  1. Ys dit :

    Les personnages de sa série « Artemis Fowl » sont déjà hauts en couleur et l’humour est très présent. J’essaierai ce titre à l’occasion.

    Aimé par 1 personne

  2. Hannibal dit :

    Il faudrait que je tente l’aventure Artemis Fowl à l’occasion. C’est pourtant pas faute d’avoir eu à la maison une petite soeur fan de la série qui a essayé de m’obliger à m’y mettre. Un jour peut-être ?

    J’aime

  3. […] romans de l’américain, tous parus à la Série Noire : La belle vie, de Matthew Stokoe ; Prise directe, d’Eoin Colfer, et L’autre chair, de Michael Olson, paru hier […]

    J’aime

Laisser un commentaire