Cherche jeunes filles à croquer / Françoise Guérin

Publié: 31 janvier 2013 dans Polar français
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Cherche jeunes filles à croquer est un roman de Françoise Guérin paru il y a quelques semaines aux Éditions du Masque.

Résumé

Plusieurs jeunes filles ont disparu ces derniers mois dans la région de Chamonix. Les gendarmes pensent d’abord à des fugues – certaines d’entre elles sont coutumières du fait – avant de se rendre compte que les adolescentes ont toutes en commun d’avoir été soignées à un moment ou un autre dans la même clinique pour des troubles alimentaires sévères. Le commandant Éric Lanester est spécialement dépêché de la capitale pour établir s’il peut s’agir d’enlèvements en série. Seulement, aucun signe des anorexiques disparues, les indices sont maigres.

Mon avis

« Je marche le long de l’Arve aussi tumultueux et opaque que le flot de mes pensées. À quoi est-ce qu’on se tient, dans la vie ? À son boulot ? À son savoir ? À l’image qu’on renvoie à l’autre ? Ou bien à son histoire ? Et quand l’histoire est branlante, on fait comment ? Je songe à Carla et à sa carapace de muscles soigneusement entretenue, à Bertrand qui ne jure que par Excel, à Marc calé contre son mur, agrippé à son calepin la mine défaite. Le mur est le meilleur ami du lieutenant Bazin !
Et à moi, cramponné à mon analyste comme un nourrisson à sa mère… »

Quelques années après l’avoir quitté – À la vue, à la mort était paru en 2007 – voici donc le retour aux affaires du commandant Lanester, encore éprouvé par sa dernière enquête. Sujet à des angoisses chroniques, il a besoin d’être régulièrement en contact avec sa psychanalyste pour pouvoir tenir le choc. Lorsqu’on lui fait savoir qu’il doit quitter Paris pour une durée indéterminée, c’est le drame. Surtout qu’il apprend une fois arrivé dans la vallée du Mont-Blanc qu’il doit collaborer avec la gendarmerie, et que le contact ne passe pas avec le commandant Pierrefeu. Quand bien même, Lanester et ses hommes parviennent à découvrir quelques éléments qui avaient échappé à la vigilance des gendarmes. L’enquête prend forme mais risque d’être fastidieuse tant les suspects potentiels ne manquent pas.

« Je me plonge dans mes notes du matin. Tous mes carnets comportent deux entrées. Face A, je note les informations recueillies sur le terrain et tout ce qui concerne l’affaire en cours. La face B me sert à consigner toutes les pensées bizarres qui me passent par la tête. Au fil des ans, j’ai appris l’importance qui surgit à l’improviste, en marge de l’enquête : idées absurdes, associations étranges, mots et images sans lien apparent. Il n’est pas rare que cette collection hétéroclite contribue à l’élaboration du profil psychologique qu’on attend de moi.
Je recense les suspects possibles avant d’appeler l’Identité Judiciaire. Marion Cazeneuve, qui dirige le service depuis peu, a débuté comme stagiaire à mes côtés. Elle rit en m’entendant dicter ma trop longue liste.
– Tout ça, commandant ? C’est pour une affaire ou vous nous faites un petit coup de paranoïa ?
– À ton avis ?
– Hum… mon maître à penser, dans ce métier, répétait toujours : « Quand on a plus de trois suspects dans une enquête, c’est qu’on s’y prend comme un manche ! »
Ouais… Pourquoi c’est toujours les conneries que je dis qu’on retient pour la postérité ? »

En plus du commandant Lanester, on retrouve avec plaisir sa fine équipe, qu’il a pu amener avec lui dans les Alpes : l’efficace Carla ; Bazin, le procédurier ; et Fog, qui a du mal à suivre le rythme sauf quand il s’agit d’informatique. On renoue également avec l’écriture de Françoise Guérin, tantôt précise s’agissant de l’enquête, tantôt poétique lorsqu’il s’agit de sonder les états d’âme de ses personnages, Lanester en tête. L’humour est assez présent, dans les dialogues notamment, ce qui est appréciable, car l’histoire est très sombre par ailleurs. L’auteur, psychologue clinicienne dans le civil, met en effet à profit son expérience professionnelle pour nous décrire les terribles tourments de ces jeunes filles atteintes d’anorexie mentale.

Les ultimes rebondissements peineront peut-être à convaincre les lecteurs les plus exigeants. Nonobstant, Françoise Guérin propose avec Cherche jeunes filles à croquer un polar procédural de bonne facture, efficace et très documenté.


Cherche jeunes filles à croquer, de Françoise Guérin (2012), Éditions du Masque, 392 pages.

commentaires
  1. gridou dit :

    J’aime bien le titre et la couv’…Et encore un auteur à découvrir!…:)

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  2. Hannibal dit :

    Pas mal, mais je te conseille plutôt A la vue, à la mort si tu veux découvrir cette auteur. Il est en poche en plus.

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