E comme Ellis, Warren : Gun Machine

Publié: 18 avril 2014 dans Faudrait peut-être songer à A.B.C. ta PAL, Polar anglais, Polar britannique
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Gun Machine, paru au Masque en février, est le second roman de Warren Ellis, célèbre scénariste de comics britannique (après Artères souterraines, paru Au Diable Vauvert en 2010, et qui vient de sortir en Livre de poche pour l’occasion).

Résumé

Frank Tallow est un flic new-yorkais fatigué de tout. Répondant à un appel radio, il se rend avec son coéquipier Jim Rosato dans un immeuble de Pearl Street où un type armé et visiblement dérangé importune ses voisins. Alors qu’ils arrivent sur place, tout dégénère. Le type se met à tirer à tout va, Rosato s’en prend une en pleine tête et tombe raide mort. Tallow riposte et s’acharne sur le forcené, défonçant un mur au passage. Ce trou involontaire permet aux techniciens de la police de faire une découverte aussi inattendue qu’exceptionnelle : une salle dont les murs sont entièrement recouverts d’armes. Les résultats des premières analyses tombent et l’incroyable se poursuit : chacune des armes semble reliée à une affaire non-élucidée.

Mon avis

« En réécoutant l’enregistrement du 911, on aurait l’impression que Mme Stegman était plus affolée par la nudité intégrale du zèbre qui squattait son palier que par le gros fusil qu’il brandissait. »

La première phrase de ce roman annonce la couleur : ce sera vitaminé, noir, et un brin déjanté. Tallow doit faire face à la mort de son coéquipier et ami de longue date mais malgré ça, ses supérieurs ne lui laissent aucun répit. Sous-effectif oblige, il doit reprendre le travail au plus vite et se débrouiller seul. Après une avancée significative, il se fait finalement aider par deux agents de la police technique et scientifique assez originaux dans leur genre : Bat, le geek limite autiste, et Scarlie, la jolie lesbienne qui jure comme un charretier.

« Je suis de mauvais poil. Je viens de tomber sur vos neveux et hier, j’ai dû buter un de vos locataires alors que j’avais de la cervelle de mon coéquipier plein la manche. Alors je vous suggère de m’apporter une franche et amicale coopération, histoire que j’aie pas à ajouter ce petit détail à la montagne de merde que je pourrais déverser sur votre moquette. »

L’enquête avance peu à peu et la tension est palpable puisqu’on suit en parallèle « le chasseur », cet homme mystérieux qui a passé vingt ans de sa vie à collectionner ces armes et à s’en servir. Il est d’ailleurs prêt à tout pour les récupérer.

« Jim Rosato disait que l’appartement de Tallow était l’endroit où il vidait sa tête.
L’une des chambres était bourrée de bouquins, de magazines et de paperasse. Elle n’avait plus de porte et, comme à travers une digue percée, le flot de documents se répandait dans le salon pour monter en crête sous la table, où campaient à demeure deux vieux ordinateurs portables et un disque dur externe. Deux hauts baffles se dressaient tels des phares à la surface de ce foutoir. L’autre chambre était à moitié murée par des CD, cassettes et vinyles. Un portant récupéré dans une benne faisait office de penderie à l’angle du salon, mais la plupart des fringues qui auraient dû y être accrochées s’entassaient en-dessous, par terre.
Tallow entra chez lui d’un coup de coude, ses magazines du jour sous le bra
s. »

Avec Gun Machine, Warren Ellis signe un polar à l’intrigue originale et à l’écriture très énergique qui tient globalement ses promesses (des lecteurs pourront éventuellement trouver certaines révélations un peu « grosses »).

Gun Machine (Gun Machine, 2013), de Warren Ellis, Le Masque (2014). Traduit de l’anglais par Claire Breton, 304 pages.

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