Un feu d’origine inconnue / Daniel Woodrell

Publié: 9 janvier 2015 dans Polar américain
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Un feu d’origine inconnue (The Maid’s Version) est un roman de l’Américain Daniel Woodrell paru aux éditions Autrement en 2014.

 

Résumé

Missouri, 1929.
Après une belle journée d’été, une partie des quelque quatre mille habitants de West Table se met sur son trente-et-un pour se rendre au bal. Bien sûr, en enfilant leurs beaux habits, ils ne savent pas qu’ils courent ainsi vers leur mort. C’est que ce soir-là, l’Arbor Dance Hall va prendre feu, avant d’exploser, ne laissant derrière lui qu’un chaos indescriptible où se retrouvent mêlés décombres calcinés et corps carbonisés, une poignée de survivants, et plus de questions que de réponses.

 

Mon avis

Une trentaine d’années plus tard, c’est cet épisode qui a profondément marqué l’histoire de la ville, mais aussi la sienne, que raconte Alma à son petit-fils Alek, elle qui a perdu sa sœur Ruby cette terrible nuit. Dans ce court roman (pas même deux cents pages), Daniel Woodrell nous raconte cette histoire (inspirée d’un fait divers réel similaire, l’explosion du Bond Dance Hall de West Plains en 1928, là même où réside l’auteur), mais bien plus encore. Car l’enquête, bâclée par les autorités, mais dont on aura régulièrement des nouvelles, des rumeurs, des suspects, puis de sinistres explications, n’est finalement pas ce qui fait le cœur du récit.

« Durant tout l’été, on découvrit des fragments et des restes humains dans les jardins à deux, trois, quatre rues de là, ou soulevés du fond de la rivière par des enfants qui pêchaient des écrevisses, ou enfoncés dans l’épaisse couche de boue des enclos à bétail sur les pentes de la colline. Cet automne-là, quand on nettoya les gouttières, on tomba sur des lambeaux si horribles qu’elles devinrent un sanctuaire redouté et les propriétaires préférèrent laisser quelques respectueuses fuites se produire au cours de l’hiver plutôt que déranger les morts. »

Avec une économie de moyens, l’auteur d’Un hiver de glace brosse le portrait d’une famille modeste dans le Midwest de la fin des années 1920, où tous aspirent, mais différemment, à une vie meilleure. Ruby, qui joue avec les hommes au gré de son humeur, choisissant toujours celui qui lui offrira le plus de plaisirs matériels. Alma, bien plus sage, mais qui ne souhaite pas moins s’émanciper de cette vie un peu triste. L’espoir, s’il existe, ne semble pas particulièrement s’incarner dans les personnages masculins, souvent violents et plus enclins à se verser un autre verre qu’à aider leur prochain. En parallèle du récit dans le passé, la relation entre Alek et sa grand-mère est aussi assez intéressante à suivre.

Avec Un feu d’origine inconnue (paru chez Autrement alors que le reste de son œuvre se trouve dans le catalogue Rivages), Daniel Woodrell nous offre un beau roman noir, sans doute pas inoubliable mais sombre et néanmoins humain. Il donne envie de poursuivre la découverte des textes de cet auteur, encore peu connu dans l’Hexagone malgré son succès outre-Atlantique.

 

 

Un feu d’origine inconnue (The Maid’s Version, 2013), de Daniel Woodrell, Autrement (2014). Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Porte, 184 pages.

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