Le Discours / Fabrice Caro

Publié: 9 décembre 2018 dans Littérature française
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Le Discours est un roman de Fabrice Caro paru il y a quelques semaines dans une nouvelle collection de Gallimard : Sygne

G02289Résumé

Adrien a la quarantaine et une vie plutôt quelconque. Il vient de se faire larguer mais il y a bien pire : le copain de sa sœur lui demande de préparer un discours pour leur mariage à venir. Que raconter ? Sera-t-il seulement capable de prendre la parole en public ? Cette demande, anodine pour d’autres, donne des sueurs froides à Adrien rien que d’y penser…

Mon avis

Vous connaissez Fabcaro, l’auteur de BD souvent très drôles  ? Non ? Et bien il vous faut absolument lire Zaï zaï zaï zaï, chef-d’œuvre d’humour absurde paru en 2015 aux éditions Six pieds sous terre et ayant reçu quelque prix dont le Prix SNCF du polar dans la catégorie BD. C’est pas vraiment polar en vérité mais le personnage principal, qui n’avait pas sa carte de fidélité à la caisse du supermarché, s’enfuit en brandissant un poireau et devient de fait l’ennemi public numéro un. Le début d’une cavale désopilante. Je me rends compte que c’est ma BD préférée de 2015 et que je n’ai même pas pris le temps d’en parler ici (il va me falloir réparer cet oubli, chouette, ça fera une excuse pour la relire).
Mais pourquoi nous parle-t-il de ce Fabcaro me direz-vous ? Parce que, vous l’aurez deviné même si vous n’êtes pas détective… Fabcaro et Fabrice Caro sont en fait une seule et unique personne (#scoop), le pseudo étant réservé à la partie dessinée de son œuvre. S’il ne s’agit pas là de son premier roman – Figurec avait été publié chez Gallimard en 2006 – c’est en tout cas le premier que je lis (j’ai lu une bonne partie de ses BD).

En ouvrant Le Discours, je dois confesser que j’avais peur d’être déçu. Peur que ça n’ait rien à voir avec tout ce que j’aime beaucoup chez Fabcaro, à commencer par son humour fait de situations de la vie de tous les jours revues d’un point de vue décalé, avec un espèce de redoutable « nonsense », genre qui est en général plutôt l’apanage des Brittaniques mais qu’il manie à la perfection. Grâce à ce procédé, Fabrice Caro, sans avoir l’air d’y toucher, nous fait prendre du recul et conscience de l’absurdité de nombre de nos agissements, en particulier dans notre vie sociale.

Non seulement je n’ai absolument pas été déçu mais j’ai fait durer le plaisir – le roman fait tout juste deux cents pages – en lisant quelques courts chapitres tous les soirs. Rien de tel pour décompresser. Si certains thèmes ont déjà été abordés par ailleurs, en particulier dans les bandes dessinées où il se met lui-même en scène, on ne se lasse pas de (re)vivre ce pensum qu’est le repas de famille revu par l’auteur. Des sujets aussi rebattus que la vie de couple prennent ici une dimension aussi comique qu’émouvante que j’affectionne beaucoup. Peut-être parce que je me retrouve assez dans ces personnages – assurément proches de l’auteur également – de losers sympas en grande partie inadaptés à la sauvagerie du monde d’aujourd’hui et à la difficultés des codes – parfois absurdes si l’on y réfléchit – régissant notre quotidien et en particulier nos interactions sociales.

Le Discours, s’il est difficile à résumer tant l’auteur (à travers les réflexions intimes d’Adrien) part dans tous les sens, est un régal de lecture qu’il n’est pas difficile de conseiller.
Commencez par ce roman ou par ses bandes dessinées, peu importe, mais si j’ai un tant soi peu éveillé votre curiosité, sautez le pas, lisez cet auteur !

Le Discours, de Fabrice Caro, Gallimard/Sygne (2018), 197 pages.

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