L’écrivain public / Dan Fesperman

Publié: 25 Mai 2020 dans Polar américain
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L’écrivain public (The Letter Writer) est un roman de Dan Fesperman paru au Cherche Midi en 2018 dans une traduction de Jean-Luc Piningre.

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New York, février 1942.
Après une affaire qui lui a valu quelques ennuis à Horton, Woodrow Cain a dû quitter son poste et la Caroline du Nord. Toujours policier, il se retrouve de nouveau en bas de l’échelle et faire ses preuves dans les forces de l’ordre de Gotham, en partie corrompues, n’est pas de tout repos.
Peu après son arrivée, Cain est appelé suite à la découverte d’un corps, noyé, au niveau des docks. Après avoir été aidé par Danziger, un écrivain public polyglotte qui connaît bien la ville, les pistes mènent Cain vers Yorkville, un quartier de l’Upper East Side surnommé « Kleindeutschland », la petite Allemagne.

Mon avis

Paru outre-Atlantique en 2016, The Letter Writer a connu un beau succès d’estime et même été élu meilleur roman policier de l’année par le New York Times. Premier roman de Dan Fesperman a paraître au Cherche Midi, L’écrivain public devrait ravir les amateurs de polars historiques. À la lecture, on ne peut s’empêcher de penser assez vite aux romans de feu Philip Kerr. De par le contexte bien sûr : la Seconde Guerre mondiale bat son plein en Europe et on commence à trouver curieux que des familles entières soient envoyées voyager en train on ne sait où. Outre-Atlantique, certains « patriotes » n’hésitent pas à soutenir financièrement le régime nazi depuis les États-Unis. Mais aussi de par le caractère bien trempé de Woodrow Cain. Comme Bernie Gunther, il a quelques difficultés à obéir à sa hiérarchie, surtout quand celle-ci lui semble prendre des décisions quelque peu suspectes. Plus opiniâtre qu’une mule, rien ne peut l’empêcher de mener à bien une mission, surtout si on essaye de l’en dissuader.

L’intrigue, fortement inspirée par des faits réels, est passionnante du début à la fin et les rebondissements nous surprennent plus d’une fois. Les personnages sont bons. On pense à Cain bien sûr : charismatique, cynique parfois, à la fois rude et fragile – suite aux soucis de santé de son ex-femme, il prend son rôle de père très à cœur. Le personnage de Danziger, inspiré d’un personnage réel, est l’un des plus intéressants croisés dans un polar ces dernières années. Maîtrisant plusieurs langues à la perfection, il écrit des courriers pour des personnes fraîchement arrivées sur le sol américain et/ou illettrées. Confident d’une multitude de gens, de fait, il a accès à un nombre d’informations inestimables ce qui en font un allié de choc, mais aussi quelqu’un de dangereux pour des personnes qui ne voudraient pas que certaines choses s’ébruitent.

Les lecteurs les plus férus d’histoire américaine ou connaisseurs de l’âge d’or du gangstérisme américain reconnaîtront sans peine quelques noms. En effet, une grande partie des bandits croisés dans ce récit ont vraiment existé, et il en va de même des personnalités politiques ou de la police. Même  certains événements décrits au cours de l’histoire ont eu lieu en réalité.

Journaliste de métier – il a longtemps été reporter de guerre – Dan Fesperman signe avec L’écrivain public un passionnant polar historique, solidement documenté sans jamais être rasoir. Ses 450 pages sont un régal et si l’auteur a d’autres romans de cette qualité sous la pédale, on ne peut que les attendre avec une certaine impatience.

L’écrivain public (The Letter Writer, 2016), de Dan Fesperman, Cherche Midi (2018). Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Luc Piningre, 452 pages.

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